La création
du Christ

  CRÉATION DU CHRIST
AU PALAIS DU ROI NJOYA
CRÉATION DU TABERNACLE ET MOULAGE
L'ATELIER DE FONDERIE
COULÉE DU TABERNACLE
L'ACHÉVEMENT
     

Sandrine Coignard
benoit Coignard

  J'avais commencé par une maquette filiforme qui me plaisait beaucoup. Le Christ était évoqué comme un arbre sortant du mur et se projetant dans l'espace. C'était l'image du Christ en résurrection dont le geste du corps évoquait le don de soi, la transcendance.
Il n'avait pas de visage, pas de corps. C'était une branche noueuse exprimant la souffrance autant que la croissance.
     


"Il n'avait pas de visage,
pas de corps.
C'était une branche noueuse
exprimant la souffrance autant que la croissance"

 



Aussi la première idée avait-elle été de sculpter le bois d'ébène.
Lors d'un déplacement en brousse nous avons cru trouver l'arbre dont une branche ressemblait fort à la forme de la maquette. Malheureusement l'ébène n'a cette splendide couleur noire profonde que lorsqu'il est atteint par un parasite qui le transforme et lui donne sa noblesse. Ce n'était pas le cas de ce spécimen. De randonnée en randonnée, d'ébène en ébène, nos recherches demeuraient vaines.

C'est alors que nous apprîmes que, dans l'ouest du pays, une ethnie entretenait l'art de fondre le bronze depuis des temps très anciens : les Bamouns. Sans avoir pris connaissance de la technique en question, il nous a semblé essentiel d'honorer ce savoir faire par une œuvre contemporaine.
     

Le Christ serait en bronze,
donc l'original devait être réalisé en plâtre à une échelle de 2,80 m de hauteur pour correspondre aux dimensions de l'édifice. Le modèle a été commencé en France, dans notre atelier de Dreux.
Tout nouveau en Afrique, nous avions été mis en garde contre une abstraction excessive qui risquait d'être mal perçu par les fidèles. Aussi le Christ prit-il peu à peu une forme plus figurative. Mais il m'était difficile de faire progresser l'œuvre en dehors du Sanctuaire. L'orientation du visage, le regard, le geste du bras dépendant trop de l'altitude et de l'orientation du mur.

.

 



"Le Chrit a faim ?"
"Est-il malade ?"

Ces réflexions surprenantes pour nous révèlent les angoisses vivantes de la population.

Juchée sur un échafaudage
Sandrine redonne du corps au Christ.

   

Le plâtre est à la jonction du modelage et de la taille. Son usage donne une grande liberté à l'artiste qui peut ajouter et retirer de la matière jusqu'à satisfaction

  L'œuvre a donc été réalisée principalement à Yaoundé, sur le voile de béton que nous lui avions destiné. Les premières remarques des ouvriers ont été surprenantes : "Ce Christ a faim, il est malade...". Sa maigreur apparente, reste du concept initial d'une branche sortant du mur, leur était gênante tant elle évoquait pour eux ce que nos sociétés ont fort heureusement oublié : les temps de disette. Je me suis donc résolu à lui donner de la forme, m'éloignant un peu plus, avec quelques regrets je l'avoue, de mon sentiment initial. Benoit, qui m'avait assisté dés le début en agrandissant l'échelle de la maquette par une structure en acier, prit alors part à la création. C'était la première fois que nous travaillions ensemble sur une œuvre. Si elle demeure mienne par la forme générale, à mes drappés et cheveux se mèlent la manière qu'à Benoit de traiter l'anatomie et le visage, elle est à la jonction de nos styles.

 

   

D'aussi loin que nous nous trouvions dans l'église, et son volume est considérable, le christ semblait embrasser l'assemblée et son regard s'adresser à chacun.Le modèle était maintenant terminé.

Parallèlement à sa réalisation, nous nous étions mis à la recherche d'un fondeur Bamoun. Un artisan nous avait été recommandé pour l'excellence de sa maîtrise, mais nous ne connaissions que son nom, Raymond Njoya, et le quartier de Yaoundé où il était supposé demeurer parfois.
C'était rechercher une aiguille dans un meule de foin. Le porte à porte, le bouche à oreille nous a conduit à un homonyme, commerçant de bronze d'art Bamoun, qui entretint le quiproquo trop heureux de tirer profit de la situation. Nous étions sur le point de nous fourvoyer, lorsque le vrai Raymond Njoya se présenta de lui-même au Sanctuaire atttiré par la curiosité ou par la providence.

 



Le bras est-il trop grand ou pas assez incliné ?
L'oeil avisé du sculpteur modifie l'oeuvre à distance
de la main et du regard.

     
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