Au palais du roi Njoya

CRÉATION DU CHRIST
AU PALAIS DU ROI NJOYA
CRÉATION DU TABERNACLE ET MOULAGE
L'ATELIER DE FONDERIE
COULÉE DU TABERNACLE
L'ACHÉVEMENT



Le royaume Bamoun est très ancien. Peuple de guerrier, ils arrivèrent sur ce territoire, il y a 6 siècles. Leur maîtrise des armes, leur haute stature et leur technologie avancée leur donnèrent une forte influence sur la région. L'art du bronze est leur héritage ancestral mais ils excellent aussi dans la céramique.
Le roi Njoya, peut-être sous l'influence croissante d'implantation occidentale sur le litoral, l'inspira à créer un alphabet pour communiquer avec son peuple.
Avant l'arrivée des missionnaires,
les Bamouns honoraient déjà
un Dieu unique, Gnigni,
celui qui marche dans l'ombre et qui voit tout.


  Réaliser le Christ à Foumban, région Ouest et Centre du territoire Bamoun, capitale artistique n'aurait posé aucun problème. Mais installer un atelier de fonte de bronze de technique Bamoun à proximité du Sanctuaire à Yaoundé, pays Béty, ne s'était jamais vu, les secrets étant jalousement gardés. Une telle intention relevait pour le moins d'une autorisation exceptionnelle du Sultan...

La rencontre de Raymond était en effet providentielle.
Non seulement, il était bien le fondeur Bamoun expérimenté dont nous avions besoin, mais son appartenance à la lignée princière du roi Ngouloure de la dynastie de Chare-Yen, bien que modeste (remontant à la septième génération) lui donnait une connaissance des us et coutumes de sa culture indispensable à la réalisation de notre entreprise.

Celui que l'on nomme le Sultan depuis la colonisation française est en réalité le Roi d'un peuple du Cameroun précolonial. Du moins dans son acception culturelle, car celui-ci n'a plus d'existence au regard de la constitution du pays. Mais son influence est encore trés grande, si grande qu'aucun des régimes successifs n'a pu déraciner son autorité traditionnelle. Lorsque les missionnaires allemands ont tenté aprés l'avoir converti de lui imposer la monogamie, celui-ci a choisi la religion musulmane montrant ainsi, malgré son amitié pour les européens, sa ferme volonté de maintenir une véritable souveraineté. Plus tard, les français essaieront bien de supprimer ce régime féodal. Mais les troubles et l'indocilité du peuple Bamoun furent tels qu'il firent machine arrière. Afin que personne ne perde la face, un compromis reconnut l'autorité traditionnelle du souverain local en échange du titre de Sultan, moins contradictoire avec les règles de la République. Le pouvoir actuel respecte encore ce pacte. Et c'est un ministre du gouvernement de Paul Bya, René Owona qui nous fit, à la demande de l'évêché, une lettre d'introduction auprés du Sultan. Aprés quatre heures de route, nous sommes arrivés à Fomban où se déroulait une manifestation importante devant le palais.
 

 

 

     

 

Dans la foule
assemblée devant le palais royal,
on pouvait observer plusieurs groupes distincts par le costume
et ne se mélangeant pas.

   
         

Le roi rend la justice

 
         

 

Comment ne pas penser à notre Moyen-Age européen en voyant ces images.
Le temps n'est pas si loin où l'on venait voir St-Louis sous son chène
pour soumettre à son jugement les affaires de la vie









  Le roi était assis sur son trône sous le porche du palais avec en arrière plan la reine mère et les épouses du Sultan. Au premier plan à sa droite les ministres de la cour et à sa gauche "les soumis". Une querelle relative à l'usage d'un marché opposait plusieurs groupes ethniques. Dans la foule assemblée devant le palais royal, on pouvait reconnaître plusieurs groupes distincts par leurs costumes et demeurant séparés les uns des autres. A tour de rôle, les groupes dansaient et chantaient et leur porte-parole s'exprimait. A l'issue de ces interventions, le silence se fit. Quelques soumis s'approchèrent pour écouter le roi en prenant bien garde de ne pas lui faire face. Il s'avancèrent courbés, frappèrent le sol du dos de la main en signe d'allégeance. Puis, rasant le mur, ils s'alignèrent pour recueillir les paroles décisives de la justice en frappant lentement dans leur main, non pas comme des applaudissements, mais en signe de respect. Des coups de feu tiré en l'air par un fusil de Traite à canon long retentit pour marquer la fin de l'audience et le roi se leva, descendit les marches du Palais et s'avança vers la foule qu'il traversa sous la protection d'un large parasol. Une trompe remarquablement longue accompagna de ses sonorités, le souverain traversant la place pour rejoindre ses appartements.  

 

 

     

 

 

     

 

Lorsque qu'un sujet veut s'adresser au roi, il ote son chapeau, il se baisse, pose la main au sol et recule , signe de soumission. Ici deux notables
en quettent d'un entretien.

   
         

 


La longue trompe fait partie du protocole. La variété de ses sonneries a ses codes qui permet au roi d'annoncer ses déplacements ou aux divers ministres de l'intérieur du palais de s'adresser au roi.Elle marque aussi différentes étapes de la cérémonie et accompagne le roi sur le chemin du retour à ses appartements.

  Pendant ce temps, Raymond Njoya avait rejoint celle qu'il appelait "sa mère", une sorte de marraine à la cour qui est son "interlocuteur-médiateur" auprés du souverain. Il lui avait apporté des petits présents selon l'usage. Elle allait lui rendre service en transmettant la lettre du ministre nous recommandant auprés du roi. D'ailleurs sans attendre, avec Raymond et nos deux filles, nous fumes reçus dans les appartements privés du Roi réservés aux hôtes de marque.

Le contact fut établi en toute simplicité. Aprés avoir fait le salut qui s'impose, en frappant à notre tour le sol du dos de la main, nous fûmes chaleureusement accueillis par un personnage de grande stature, à l'image de ces illustres ancêtres, mais avec une courtoisie toute occidentale montrant son appartenance aux deux mondes. Il accéda sans problème à notre demande, soucieux de valoriser l'art traditionnel de son peuple et de faire de nos oeuvres des "ambassadrices" à Yaoundé.
 

 

 

     
 

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