Les sculptures brisées et lacunaires sont depuis l’Antiquité restaurées par une approche empirique résultant de l’expérience artisanale qui s’appuie sur une connaissance de la résistance propre de la pierre, à laquelle s’ajoutent la maîtrise des collages et l’ajout d’inserts métalliques judicieusement placés. Une sculpture reconstruite un système complexe mais efficace capable de supporter durablement sur le socle d’un musée, des efforts mécaniques importants, jusqu’à des porte-à-faux pour le moins audacieux.
On sait cependant avec le recul du temps, même lorsque ces œuvres ont été conservées dans de bonnes conditions (stabilité de la température et hygrométrie contrôlée prévenant l’oxydation des renforts métalliques et les effets cycliques de dilatation différentielle), que les tensions résultantes des forces mécaniques dues au déséquilibre des masses, s’exerçant sur une structure composite complexe (résistance à la compression de la pierre et à la traction des inserts métalliques) finissent par engendrer des désordres structurels et des altérations : des fissures apparaissent dans la pierre là où se concentrent les efforts, puis des écrasements de matière avec perte de l’épiderme.
Que dire alors pour ces œuvres des conséquences des expositions de plus en plus fréquentes où elles sont présentées aux quatre coins du monde. Chaque transport routier, chaque décollage ou atterrissage est comparable à un séisme sur un immeuble en béton armé.
SIMULATION
DE LA
RESTAURATION
SIMULATION
DE LA
RESTAURATION
LES IMAGES SONT CLIQUABLES

Un montage virtuel n'est donc pas seulement une belle image numérique en trois dimensions mais le point de départ d'une exploration par simulation des différentes possibilités envisagées pour le remontage réel de l'oeuvre.
L'objectif est, autant que possible, de rendre l'intervention réversible et donc l'œuvre démontable. C'est en particulier le cas de la statue de Neptune et ceci pour deux raisons :
La mise en place du bloc du genou sur celui de la base comme l'association de la tête et du torse, ne posait pas de problème technique particulier : un gros goujon pour asseoir la charge et un petit pour empêcher le pivotement des blocs, afin que l'ors de l'emboîtage, les pierres s'accostent en juste position.

La seule contrainte de cette approche est de devoir percer des trous parfaitement parallèles afin que les deux goujons le soient aussi, le moindre défaut de parrallélisme provoquant un blocage.

- La ligne AC sur l'image ci-dessus indique la verticale passant pas le centre de gravité des blocs torse et tête associés. Elle passe tout juste à l'extérieur de la pierre à la tangente de la cuisse. En l'absence du mollet de la jambe gauche les blocs supérieurs sont en léger porte-à-faux. Leur poids se concentre donc sur la rives des blocs les menaçant d'écrasement (point rouge).

- Il est possible et espéré qu'un jour, l'équipe de Luc Long découvre lors d'une prochaine campagne de fouille du Rhône, le mollet manquant. Si l'oeuvre était recollée, il serait bien difficile de replacer le mollet.

LES IMAGES FIXES SONT CLIQUABLES
Le placement du torse sur le genou par contre pose le problème du porte-à-faux. Statiquement, le goujon principal (A) devrait en effet être particulièrement fort (très gros diamettre) pour ne pas se tordre sous l'effet du poids du torse et de la tête réunis (B) .

Dynamiquement il y a une autre solution. S'il est possible de tirer sur l'ensemble Torse/tete dansun axe AB (représenté ci-dessus sur la première image) la somme de cette traction et du poids déplacera l'axe de la charge sur un axe intermédiaire (vecteur V) de telle sorte qu'elle se répartisse uniformément entre les surfaces de contact du torse et du genou.

Cette traction s'exprimera sur un câble (C) reliant le torse à la base et qui sera tendu par le dessous de la statue (flèche rouge).
Le principe étant établi, restait à déterminer la trajectoire du percement qui permettrait l'insertion d'un fin câble d'acier (5mm). Celui-ci devra passer dans le même plan que axe AC et former avec lui l'angle BAC le plus ouvert possible. La réponse à cette double exigence logique définit une trajectoire passant très prêt de l'épiderme de la statue (parfois 3cm)

POUR EN SAVOIR PLUS
Consultez le site du Musée départemental d'Arles antique