NOVEMBRE 2000

L'Autel
en cours d'achèvement

 
     

"Pour atteindre à la perfection de la forme j'avais fabriqué en France une machine sur mesure destinée à réaliser des coupes régulières en rayons concentriques"

Alain Ottou au travail


_t2.jpg

Benoit

" Nous faisions naitre la surface vivante de l'oeuvre. La vibration de la pierre transcendait la forme... "

" Raymond excellait à cette tache. A coups assurés, il faisait éclater le granit en ondulations qui ajoutaient à l'oeuvre de sa sensibilité... Les rainures torturées représentent la multitude des tourments individuels"

_08.jpg

_05.jpg

 

Yaoundé le 28 octobre 2000

Aprés, 8 mois d'attente me voici de nouveau à Yaoundé pour travailler grace à un billet gratuit offert par la compagnie Cameroun Air Line. L'urgence est véritable. Nous sommes à deux mois et demi de la consécration. L'autel doit être installer pour que les carreleurs puissent achever la pose du dallage en marbre du Choeur. L'air chaud du pays m'enveloppe à la sortie de l'aéroport. Ce devrais être un moment de joie, pourtant je suis anxieux à propos de l'Autel depuis le mois de juin. Un fax m'était parvenu alors qui précisait laconiquement cette nouvelle stupéfiante : "L'autel est terminé. Que faut-il faire pour le poser". Croyant bien faire les nouveaux responsables du chantier avaient demander aux ouvriers de finir la taille de l'Autel en mon absence. Bien sur il y avait la maquette qui leur servait de modèle. Mais tous ignoraient alors comment je comptais m'y prendre pour achever la forme et surtout le traitement esthétique de la surface et sa signification symbolique. J'avais alors expressément demander de ne plus rien faire avant mon arrivée, et les mois s'étaient écoulé faute d'argent pour un billet d'avion.

La nuit tombe vite sous les tropiques. Ma première visite fut pour le chantier de l'autel au clair de lune. Ce fut tout d'abord un soulagement. La forme générale avait été respectée. Le landemain je devais cependant découvrir que le travail artisanal à main levée comportait des irrégularités inévitables et qu'en conséquence le galbe de la pierre ne pourrait plus tout à fait être aussi courbe que je l'avais souhaité. Autre coup dure, mon matériel avait été volé, et les disques aux diaments dont j'avais besoin étaient devenus introuvables sur le marché camerounais. Il fallu acheter une meuleuse neuve et commander en France des disques aux diaments. Résultat : une semaine d'attente. Enfin, comble de malchance, Pierre Njoumessi et son équipe, qui avaient effectué le gros du travail depuis la découverte de la pierre en carrière, étaient prit par un autre chantier.

Pour atteindre à la perfection de la forme j''avais fabriqué en France une machine sur mesure destinée à réaliser des coupes régulière en rayons concentriques. Seul le guide servant de gabarit était trop long pour venir en bagage accompagné et fut fabriqué à Yaoundé dans cette période d'attente. Le 7 Novembre enfin le travail pouvait commencer. J'avais fait appel à deux amis pour faire équipe: mon confrère Raymond Njoya (fondeur de bronze du Christ et du Tabernacle avec les méthodes ancestrales Bamoun), et Alain Ottout, jeune musicien et depuis peu fabriquant de Croix (Voir un nouvel atelier de fabrication de Croix). Nous avions tout le matériel si ce n'était... Une panne générale d'éléctricité.

et Raymond Njoya ...

Les journées étaient exténuantes mais exaltantes. Nous faisions naitre la surface vivante de l'oeuvre. La vibration de la pierre transcendait la forme, et faisait disparaitre la surface gris terne du débit artisanal. Raymond excellait à cette tache. A coup assuré, il faisait éclater le granit en ondulation qui ajoutait à l'oeuvre de sa sensibilité. Alain, devenait habile a l'usage de la machine qui, bien qu'à l'état de prototype, faisait preuve de son efficacité.

Les responsables du chantier qui nous rendant visite comprenaient enfin la raison d'être de notre intervention. De ce n'avait été à leur yeux qu'un caprice d'artiste ils découvraient avec joie la valeur esthétique. Je pouvais enfin leur transmettre la signification symbolique et théologique du rayonement de l'autel. Le thème de cette oeuvre est "la pesenteur et la grace". La pierre est le poids. Elle représente la soufrance humaine qui nous attire irrésistiblement vers le bas, le fond de nous même. Les rainures torturées représentent la multitude des hommes et leurs tourments individuels. Lorsque l'homme, par la prière, accepte le poids de son existance, la pierre s'enfonce tout droit dans le lac, traverse le miroir de l'individualité et coule au fond de l'ame jusqu'en son centr :, le noyau de la vie, l'instant éternel et créateur, le Christ en soi. La pesenteur alors se transforme en grace, la souffrance en compassion, et s'élève vers le ciel comme ces rayons gravés dans le granit qui semblent porter la pierre ; l'amour soulève la souffrance du monde. Mourir à soi-même laisse naitre l'homme nouveau... comme la crussifiction précède la résurection.

Deux semaines ont passés et n'ont pas suffit. Je reculais mon départ de 4 jours pour que nous puissions achever la taille. Mais nous ne verrions pas l'autel en place qui sera installé dans 2 semaines par Vincent Etabat. L'équipe s'est séparée le15 novembre. Nous étions heureux du beau travail accomplit ensemble et notre amitié en sortait plus profonde.

 

   

_06.jpg

" La pierre représente la soufrance humaine. Lorsque l'homme accepte le poids de son existance, la pierre s'enfonce tout droit au fond de l'ame jusqu'en son centre, le Christ en soi. La pesenteur alors se transforme en grace et s'élève vers le ciel comme ces rayons gravés dans le granit, l'amour qui soulève la souffrance du monde."

 
     

 

  Alain fierement juché sur l'Autel achevé

Dans quelques jours,
l'Autel sera retourné
et installé dans le Choeur

A suivre...

 
   

RETOUR

  L'AUTEL ACHEVÉ
     

 

  SYMBOLIQUE
DECOUVERTE DE LA PIERRE
UNE MESSE DANS LA CARRIERE
LE BANQUET
LE TRAVAIL DES HOMMES
FORMATION AUX TECHNIQUES MODERNES
FINITION DE LA TAILLE
AUJOURD'HUI