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CHAMPOLLION

L'original en plâtre de Bartholdi
a longtemps été le symbole du lycée Champollion de Grenoble
où il avait été placé en dépôt par le musée de Grenoble au début du siècle
...
un peu d'histoire.

De cette vie animée parmi les générations de lycéens
il a connu certes beaucoup d'amour et de confidences
mais aussi les cruautés de la vie de potache.
Accidents, réparations, peintures "à la mode"
il en vit de toutes les couleurs.

De retour au musée pour une profonde restauration
il revit aujourd'hui avec la dignité qui est dûe à une oeuvre originale.
Mais les lycéens auraient-ils perdu leur effigie ?
Tous s'en sont émus, les jeunes comme les anciens,
orphelins de leur emblème du professeur idéal.
Nous leur devions bien une reproduction
.

 

 

  Un peu d'histoire  
       
  Monsieur Bartholdi, artiste statuaire bien connu (statue de la Liberté) a ramené de ses voyages en Egypte de nombreux souvenirs et dessins mais sutout l'idée de rendre un hommage à Champollion, le grand égyptologue. Il s'investit beaucoup dans la préparation de ce projet, réalise une maquette et des esquisses en terre cuite. En 1867, le plâtre original de Champollion figure à l'Exposition Universelle dans le parc égyptien de Mariette au Champ de Mars.

Champollion est représenté en pied dans une posture presque familière, le pied gauche posé sur une tête colossale, symbole de l'Egypte. Le savant semble perdu dans une profonde méditation tel que le décrit l'écrivain Volney en 1791 dans Ruines ou Méditations sur les révolutions des Empires. : "Je m'assis sur le tronc d'une colonne, et là, le coude appuyé sur le genou, la tête soutenue par
  la main, tantôt portant mes regards sur le désert, tantôt les fixant sur les ruines, je m'abandonnais à une rêverie profonde".

Le projet de bronze n'aboutissant pas pour des raisons financières, Bartholdi sollicite et obtient le bloc de marbre blanc nécessaire à l'exécution en un matériau définitif. Présenté au salon de 1875, l'oeuvre est acquise et déposée au Collège de France. La veuve de Bartholdi offre en 1905 le plâtre original à la ville de Grenoble. Présenté d'abord au musée de Grenoble, il fut mis en dépôt au lycée Champollion pendant 60 ans, avant de revenir au musée en 1995. Restaurée par Hervé Manis sous la direction du musée du Louvre et du service de Restauration des Musées de France, c'est ce service qui proposa le moulage sans contact
pour effectuer sa reproduction.
 

  La restauration    
       
  Dire que la statue en vit de toutes les couleurs n'est pas peu dire :
Arrivé au lycée, couleur terre cuite (une patine qui était déjà la seconde),
la statue de Champollion a pris l'aspect d'un damier noir et blanc faisant apparaître en lettre d'or les noms des élèves d'une classe.Une "expérience esthétique" audacieuse qui fut suivie de nombreuses autres tentatives plus sauvages dans le style "graffiti", puis des effets de "bombage" dont les plus récents porteraient mieux le nom de "tags".

Puis, cherchant sans doute à effacer les époques révolues, comme pour laisser place à l'avenir de l'expression spontanée deux couches de peinture blanche fort épaisses ont été soigneusement badigeonnées. Pas moins de cinq couches empataient le relief de la statue au point que les détails les plus fins, le regard en particulier avaient totalement disparu.

La tâche du restaurateur, Hervé Manis, attaché au service de Restauration des Musées de France, fut longue et minutieuse pour éliminer les épaisseurs de peinture sans plus altérer un épiderme déjà fort usé par endroits.
  Des détails avaient disparu (des pompons par ex.) qu'il aurait été délicat de restituer sans risquer une interprétation toujours trompeuse quant à la manière de l'artiste. D'autres lacunes ont pu être restituées grâce à la précision des photos anciennes ou à l'existence de l'exemplaire en marbre sculpter par Bartholdi. Ainsi en est-il du parchemin tenu dans la main gauche de l'égyptologue qui avait été brisé puis grossièrement remodelé en ciment armé par un amateur bien intentionné. Aprés élimination, le restaurateur a pu tirer parti d'une réplique produite par les ateliers de moulage du Louvre, moulée dans cette intention sur le marbre conservé alors à l'Institut de France.

Mais les plus grandes difficultés ont été rencontrées pour la suppression d'une forte épaiseur de mastic appliqué on ne sait pourquoi sur une partie importante de la base (2 à 3 cm d'épaisseur par endroit). Les usures, éraflures et gravures en tout genre ont été patiemment bouchées au mastic cellulosique. Un travail qui dura quatre mois jusqu'à la restitution de la patine.