plans

Figure 1
Plan de masse d'origine du sanctuaire Marial de Yaoundé-Mvolyé
établi par Marc Nicol, Architecte concepteur.

Une Cathédrale en bois dur lamellé-collé
à Yaoundé, Cameroun.
Jean Uhalde et Jean-François Berry, U.B.C. Ingénierie, France.

Article paru dans les annales de Iwec 1996 (International Wood Engineering Conference)-New Orleans.

Résumé
Ce document montre comment le bois dur lamellé-collé a permis de construire une cathédrale de 3 500 places assises à Yaoundé au Cameroun. Construire une église moderne de grande capacité en Afrique nécessite une technique de construction à grande portée, aisée à mettre en œuvre localement, et faisant appel à la main d'œuvre et aux matériaux locaux. Le choix technique consiste en une structure spatiale qui intègre le Chœur, une demie ogive autostable s'élevant à une hauteur de 32 mètres, véritable envolée vers la verrière suspendue au-dessus de l'Autel, et la charpente de la Nef, suspendue d'une part à la base du dièdre supérieur de raccordement Chœur/Nef et reposant, d'autre part, avec un porte-à-faux en façade sur douze piliers en béton armé par enfourchement avec articulation. L'assise et la stabilité de cette structure bien ancrée sur le terrain naturel sont assurées principalement par des fondations par semelles et longrines de Chœur et par les douze colonnes en béton armé cylindrique, encastrées au sol sur des semelles de fondation dimensionnées pour assurer la stabilité de la structure. Cette conception très originale et audacieuse d'une grande coque nervurée au-dessus de l'autel s'appuie sur une modélisation tridimensionnelle et la méthode des éléments finis. La pérennité de l'ouvrage est assurée par l'utilisation de bois durables et inattaquables et une couverture cuivre à joint debout fabriquée sur place.

Introduction

Nous allons vous présenter la réalisation du Sanctuaire marial de Yaoundé en abordant les points suivants :
· UBC Ingénierie : Qui sommes-nous ?
· Le Sanctuaire marial de Yaoundé, une église de la taille d'une cathédrale,
· Les objectifs qui ont guidé notre démarche,
· L'esprit du projet et son tracé régulateur,
· Le projet architectural,
· Le projet technique,
· Le Transfert de technologie et l'avenir de l'unité de production mise en place.

UBC Ingénierie

UBC Ingénierie est un bureau d'études techniques spécialisé dans les ouvrages neufs en bois lamellé-collé et dans la réhabilitation d'ouvrages anciens par renforcement composite. Son directeur technique Jean Uhalde est un ingénieur expert ayant trente ans d'expérience dans la conception d'ouvrages à structure bois en France et à l'étranger, secondé par Jean-François Berry,
ingénieur. Pour ce projet, UBC Ingénierie s'est associé à un architecte : Marc Nicol.

Le Sanctuaire Marial de Yaoundé

Le Sanctuaire Marial de Yaoundé est une église consacrée à la Vierge Marie Reine des Apôtres, intégrée dans un ensemble de bâtiments destinés à la formation religieuse et sociale à Yaoundé. Cette église plus grande que la Cathédrale existante ne pourrait prétendre qu'au titre de Basilique si le Pape en décide ainsi, car il ne peut y avoir deux cathédrales dans un même diocèse.
Toutefois, nous avons conservé le titre de Cathédrale pour donner une image de la taille de l'ouvrage et la filiation avec la technique employée par les compagnons bâtisseurs des temps anciens pour le transfert de leur savoir-faire.

Nos Objectifs

Les objectifs qui nous ont guidés dans la réalisation de ce projet sont les suivants :
· Un ouvrage héritage du passé, tourné vers l'avenir, ayant la plus grande durée de vie possible,
· Une réalisation économique avec les matériaux du pays et les gens du pays,
· Une production locale grâce à un vrai transfert de technologie qui pourra perdurer et contribuer au développement du pays et à l'élévation des hommes.

1. Héritage du passé et ouverture sur l'avenir.
En ces temps où l'homme ne ressent plus l'appel de Dieu et perd sa religion, construire une cathédrale est un véritable pari sur la foi et la technique.
Nos ancêtres ont construit en pierre pour assurer la pérennité de leurs œuvres et nous constatons huit à dix siècles plus tard que les cathédrales européennes se dressent encore vaillament vers les cieux pour montrer la qualité de leur savoir-faire.

2. Une réalisation économique et locale.
Construire une cathédrale en Afrique, avec de la pierre de taille ou même avec du béton n'est pas en rapport avec les moyens du pays. Ces pays sont pauvres et leurs économies ne sont pas génératrices de suffisamment de richesse pour supporter des coûts aussi importants. Parallèlement réunir de grandes populations très pratiquantes requiert de disposer d'églises de grande capacité : trois à quatre mille places assises.
Il était donc nécessaire de construire en utilisant au mieux les matériaux disponibles sur place, avec des techniques structurelles permettant de faire un lieu de culte où chacun pourra participer aux célébrations ou rassemblements dans la convivialité.
La forêt du Cameroun étant très riche et variée, nous avons recherché une essence de bois dur ayant une bonne résistance aux attaques de parasites et de champignons, et sans concurrence à l'exportation pour une continuité d'approvisionnement pendant toute la durée du chantier. Notre choix s'est porté sur le Bilinga.
Il restait à concevoir un volume et une structure permettant de recevoir 3 500 personnes. La technique du bois lamellé-collé nous a permis d'avoir de grandes portées sans appuis.

3. Un véritable transfert de technologie.
L'Eglise catholique du Cameroun, maître d'ouvrage du projet, avait aussi pour volonté de faire réaliser celui-ci par les gens du pays pour en réduire les coûts payés en grande partie par la population et pour former une main d'œuvre locale spécialisée dans les techniques du bois lamellé-collé.
Elle espérait aussi qu'à la fin du projet l'unité de production mise en place puisse contribuer au développement du pays en participant à la réalisation des ouvrages d'art nécessaires (ponts en particulier ) au développement de l'économie du pays, par la valorisation des ressources forestières abondantes et l'amélioration des voies de communication du pays.
En tant qu'ingénieurs, nous avons ressenti une véritable filiation avec les compagnons bâtisseurs du Moyen-Age et nous avons remis en place avec l'aide des "Compagnons" la structure de formation par apprentissage qui permettait autrefois de former les bâtisseurs de cathédrale.

Ayant posé les bases du projet en vous présentant les intervenants et leurs objectifs, nous allons maintenant vous exposer celui-ci.

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	Figure 1 Plan de masse d'origine du sanctuaire Marial de Yaoundé-Mvolyé établi par Marc Nicol, Architecte concepteur.

	Une Cathédrale en bois dur lamellé-collé à Yaoundé, Cameroun. Jean Uhalde et Jean-François Berry, U.B.C. Ingénierie, France.

	Article paru dans les annales de Iwec 1996 (International Wood Engineering Conference)-New Orleans.
	Résumé Ce document montre comment le bois dur lamellé-collé a permis de construire une cathédrale de 3 500 places assises à Yaoundé au Cameroun. Construire une église moderne de grande capacité en Afrique nécessite une technique de construction à grande portée, aisée à mettre en œuvre localement, et faisant appel à la main d'œuvre et aux matériaux locaux. Le choix technique consiste en une structure spatiale qui intègre le Chœur, une demie ogive autostable s'élevant à une hauteur de 32 mètres, véritable envolée vers la verrière suspendue au-dessus de l'Autel, et la charpente de la Nef, suspendue d'une part à la base du dièdre supérieur de raccordement Chœur/Nef et reposant, d'autre part, avec un porte-à-faux en façade sur douze piliers en béton armé par enfourchement avec articulation. L'assise et la stabilité de cette structure bien ancrée sur le terrain naturel sont assurées principalement par des fondations par semelles et longrines de Chœur et par les douze colonnes en béton armé cylindrique, encastrées au sol sur des semelles de fondation dimensionnées pour assurer la stabilité de la structure. Cette conception très originale et audacieuse d'une grande coque nervurée au-dessus de l'autel s'appuie sur une modélisation tridimensionnelle et la méthode des éléments finis. La pérennité de l'ouvrage est assurée par l'utilisation de bois durables et inattaquables et une couverture cuivre à joint debout fabriquée sur place. Introduction Nous allons vous présenter la réalisation du Sanctuaire marial de Yaoundé en abordant les points suivants : · UBC Ingénierie : Qui sommes-nous ? · Le Sanctuaire marial de Yaoundé, une église de la taille d'une cathédrale, · Les objectifs qui ont guidé notre démarche, · L'esprit du projet et son tracé régulateur, · Le projet architectural, · Le projet technique, · Le Transfert de technologie et l'avenir de l'unité de production mise en place. UBC Ingénierie UBC Ingénierie est un bureau d'études techniques spécialisé dans les ouvrages neufs en bois lamellé-collé et dans la réhabilitation d'ouvrages anciens par renforcement composite. Son directeur technique Jean Uhalde est un ingénieur expert ayant trente ans d'expérience dans la conception d'ouvrages à structure bois en France et à l'étranger, secondé par Jean-François Berry, ingénieur. Pour ce projet, UBC Ingénierie s'est associé à un architecte : Marc Nicol. Le Sanctuaire Marial de Yaoundé Le Sanctuaire Marial de Yaoundé est une église consacrée à la Vierge Marie Reine des Apôtres, intégrée dans un ensemble de bâtiments destinés à la formation religieuse et sociale à Yaoundé. Cette église plus grande que la Cathédrale existante ne pourrait prétendre qu'au titre de Basilique si le Pape en décide ainsi, car il ne peut y avoir deux cathédrales dans un même diocèse. Toutefois, nous avons conservé le titre de Cathédrale pour donner une image de la taille de l'ouvrage et la filiation avec la technique employée par les compagnons bâtisseurs des temps anciens pour le transfert de leur savoir-faire. Nos Objectifs Les objectifs qui nous ont guidés dans la réalisation de ce projet sont les suivants : · Un ouvrage héritage du passé, tourné vers l'avenir, ayant la plus grande durée de vie possible, · Une réalisation économique avec les matériaux du pays et les gens du pays, · Une production locale grâce à un vrai transfert de technologie qui pourra perdurer et contribuer au développement du pays et à l'élévation des hommes. 1. Héritage du passé et ouverture sur l'avenir. En ces temps où l'homme ne ressent plus l'appel de Dieu et perd sa religion, construire une cathédrale est un véritable pari sur la foi et la technique. Nos ancêtres ont construit en pierre pour assurer la pérennité de leurs œuvres et nous constatons huit à dix siècles plus tard que les cathédrales européennes se dressent encore vaillament vers les cieux pour montrer la qualité de leur savoir-faire. 2. Une réalisation économique et locale. Construire une cathédrale en Afrique, avec de la pierre de taille ou même avec du béton n'est pas en rapport avec les moyens du pays. Ces pays sont pauvres et leurs économies ne sont pas génératrices de suffisamment de richesse pour supporter des coûts aussi importants. Parallèlement réunir de grandes populations très pratiquantes requiert de disposer d'églises de grande capacité : trois à quatre mille places assises. Il était donc nécessaire de construire en utilisant au mieux les matériaux disponibles sur place, avec des techniques structurelles permettant de faire un lieu de culte où chacun pourra participer aux célébrations ou rassemblements dans la convivialité. La forêt du Cameroun étant très riche et variée, nous avons recherché une essence de bois dur ayant une bonne résistance aux attaques de parasites et de champignons, et sans concurrence à l'exportation pour une continuité d'approvisionnement pendant toute la durée du chantier. Notre choix s'est porté sur le Bilinga. Il restait à concevoir un volume et une structure permettant de recevoir 3 500 personnes. La technique du bois lamellé-collé nous a permis d'avoir de grandes portées sans appuis. 3. Un véritable transfert de technologie. L'Eglise catholique du Cameroun, maître d'ouvrage du projet, avait aussi pour volonté de faire réaliser celui-ci par les gens du pays pour en réduire les coûts payés en grande partie par la population et pour former une main d'œuvre locale spécialisée dans les techniques du bois lamellé-collé. Elle espérait aussi qu'à la fin du projet l'unité de production mise en place puisse contribuer au développement du pays en participant à la réalisation des ouvrages d'art nécessaires (ponts en particulier ) au développement de l'économie du pays, par la valorisation des ressources forestières abondantes et l'amélioration des voies de communication du pays. En tant qu'ingénieurs, nous avons ressenti une véritable filiation avec les compagnons bâtisseurs du Moyen-Age et nous avons remis en place avec l'aide des "Compagnons" la structure de formation par apprentissage qui permettait autrefois de former les bâtisseurs de cathédrale. Ayant posé les bases du projet en vous présentant les intervenants et leurs objectifs, nous allons maintenant vous exposer celui-ci.


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