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Cette polémique avec EDF date de 1998
Elle n'aurait plus lieu de figurer ici si des cas similaires ne se répétait partout dans le monde lorsque de petits inventeurs doivent, pour réussir une entreprise complexe, collaborer avec de grosses structures privées qui se montrent avides d'image de marque facilement acquise en échange d'un soit disant mécenat.

Suite à la publication de notre article dans la revue Archologia, un encadré agressif et mensongé de M. Albouy paru au titre du droit de réponse du directeur du mécénat EDF à l'époque. Ne pouvant à notre tour communiquer dans les même colonne, cette page fut donc notre réponse finale.
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Réponse promise aux lecteurs de la revue Archéologia

VOS RÉACTIONS SONT BIENVENUES

MAIL

Roland, Olivier et Benoit Coignard


Le mécénat
EDF
" nous doit plus que la lumière "
Mécénat
"Protection accordée aux lettres, aux arts et aux sciences "
( dic. Larousse)


Après la restauration du Colosse d'Alexandrie, Archéologia est le seul média à nous avoir ouvert ses colonnes. Cela nous a donné l'occasion de rectifier des inexactitudes rencontrées dans la presse, sur les antennes et autres conférences consacrées à cet événement. Nous y étions réduit généralement à un sympathique rôle d'exécutant alors que nous avions conçu et élaboré l'ensemble des principes de cette restauration. Notre expérience de la simulation informatique en restauration de sculpture est bien connu des professionnels. Aussi nous avons été très tentés de ne pas donner suite aux propos tenus par Mr. Albouy en réponse à notre article pour ne pas entretenir la polémique ; pour faire progresser une technique mieux vaut conjuguer les efforts. C'était l'état d'esprit qui avait semblé s'établir entre Mr. Albouy et nous en août 97.

Les lecteurs auront perçu dans notre article quelques restrictions et regrets, tempérant sans agressivité nos remerciements exprimés au mécénat technologique et scientifique d'EDF pour sa contribution à notre travail. Ils auront aussi remarqué que le droit de réponse fleuve de son directeur est paru dans le même N° d'archéologia. Mr. Albouy nous y accuse de contrefaire la vérité. Il ne fait en réalité qu'énoncer des approximations, transposant les faits à sa convenance, quand ce n'est pas pour administrer lui-même des contrevérités manifestes. Pour être juste, il est un point qui nous réjouit: Il reconna"t enfin l'antériorité de notre travail en matière d'anastylose virtuelle.

Reprenons dans l'ordre ses rectifications. Selon les termes d'une certaine convention, il aurait été en charge, de l'étude et de la coordination du programme. Il se garde bien de dire que cette convention, destinée à encadrer l'acte de mécénat, est de son cru, et que nous avons toujours refusé - et pour cause - de signer. Il était en fait sollicité pour soutenir l'anastylose virtuelle prévue dans notre étude préliminaire en tant qu'étape de la restauration.

Lors de la réunion d'oct.97 Mr. Albouy a effectivement confirmé sa participation et son échéancier. Quant à l'énoncé d'une méthode... c'est avec la Sté. Mensi, du temps de son indépendance, que nous avons expérimenté et développé la méthode de l'anastylose virtuelle sur un autre colosse, ìl'Auguste" d'Arles. Ne restait aux restaurateurs qu'à faire les trous et placer les goujons, concluait-il ! C'est le signe de sa méconnaissance des problèmes techniques à surmonter et de la méthodologie complexe décrite dans notre cahier des charges (disponible sur notre site Internet ìinfosculpt.com).

A Alexandrie Mr. Albouy a fait réaliser la numérisation du colosse en notre absence et sans attendre l'achèvement de notre cahier des charges; sans doute voulait-il prouver qu'il pouvait se passer de "nos lumières" comme il se pla"t à dire. Malheureusement, parmi d'autres défauts, le plan de cassure à la base de la tête n'a pas été numérisé. La raison n'en est pas cette absence de moyen de manutention ainsi qu'il le prétend ; le film réalisé par EDF en administre le plus cruel des démentis. La raison est plus simple : il n'était pas utile pour la réalisation des belles images virtuelles largement diffusées dés janvier à la télévision, lors d'expositions et de conférences. Or, ce dont nous avions absolument besoin c'était précisément "de l'empreinte" numérique de ces plans de cassures pour d'étudier avec précision l'association des blocs. C'est la différence entre un travail scientifique et une démonstration à l'intention du grand public.

Aussi avons nous insisté pour reprendre ce travail à la base en février 98 à EDF-Clamart avec Mr. G. Thibault. La collaboration s'est déroulée dans un excellent climat et une parfaite complicité technique, communiquant notre méthodologie, c'est à dire notre expérience, dont dispose aujourd'hui EDF. Nous n'avons par contre pas souvenir de ce ìlogiciel de visualisation d'accostage", qui aurait été écrit pour l'occasion d'après M. Albouy (Il doit faire allusion à l'outil de détection de contact du logiciel Device développé par Division). Mr. G. Thibault, informaticien expert, a extrait les calculs que nous attendions. Il a de plus initié une expérimentation prometteuse sur le logiciel Aster. Contrairement à ce qui est affirmé, cette expérience inachevée n'a pu être utilisée faute de temps mais demeure à nos yeux intéressante pour l'avenir. Il reste que pour disposer des résultats de ce travail en commun, nous avons dû écrire à Mr. Alphandéry, alors directeur général d'EDF, pour faire cesser la rétention des documents, dont il est dit, qu'ils furent fournis "gracieusement" !

Dans la revue Computer Art n°4, un article sur Mensi, nouvelle filiale d'EDF (depuis oct.97), est consacré au traitement informatique du Colosse. De notre contribution : un brillant et sidéral silence! et M. Albouy nous reproche de ne pas citer EDF lorsque nous parlons de G.Thibaut dans notre article. C'est l'occasion faire connaitre une autre ìomission" qui donne toute la mesure de l'esprit de récupération qui est ici habilement reporté sur nous. En 95, lors de l'exposition à la Villette du cinquantenaire d'EDF, un document EDF présentant les relevés de la grotte Cosquer, faisait état de notre travail sur l'Auguste et d'anastylose virtuelle. Aucune mention des auteurs. L'illustration était une photo extraite de notre film "la sculpture numérique" coproduit par l' AIAP-UNESCO et les films de la Clape, sans autorisation ni mention des auteurs. Le mécène (Crédit Agricole) n'était pas mentionné. Pour une telle opération constituant une première faisant aujourd'hui référence, cette brochette "d'omissions" laissait supposer au lecteur qu'il s'agissait d'une action du mécénat technologique EDF.

M. Albouy affirme qu'il était informé de l'opération d'Arles mais avoir décidé de ne pas y prendre part! Autre contrevérité! Mensi était tout à fait indépendante en janvier 1995 et sans obligation de rendre compte à EDF et nous ne l'avions pas informé. Mais peu aprés, une réunion organisée à l'intention, croit-on savoir, des archéologogues allait présenter entre autres... notre travail sur l'Auguste; on nous demanda de prêter la réduction de la statue mais notre présence n'était pas du tout souhaitée. Nos fichiers numériques ont donc été utilisés à notre insu dans des présentations du mécénat et l'expérience relatée dans d'autres documents EDF destinés aux professionnels.

Pour ce qui est de la numérisation du Colosse Ptolémée en vue d'un remontage primaire en virtuel, nous étions nous restaurateurs préssentis, et osons le prétendre, mieux placés que quiconque pour en avancer la prescription en connaissance de cause. Que Mr. Albouy ait pu être averti du projet d'exposition du Colosse est possible puisque la fondation EDF soutien les fouilles de J.Y. Empereur. Que la technique élaborée pour l'Auguste lui en ait suggéré l'idée est aussi vraisemblable, tant il était logique d'y avoir recours. Si - malgré nos réticences - nous avons proposé de faire appel au mécénat EDF, c'est que celui-ci était entré dans le capital de Mensi et, que depuis peu, tous les projets à caractère culturel devaient effectivement lui être soumis... Le bon sens recommandait donc de tenter cette collaboration.

Enfin, ce ne sont pas les applications d'EDF qui nous ont amené à prendre contact avec la Sté Mensi, mais le fait que MM. D'Aligny de Mensi et Thibault d'EDF se trouvaient à la présentation officielle, au ministère de la culture des résultats de la numérisation du Dieu- guerrier gaulois de St Maur à laquelle nous étions étroitement associés (depuis1989 avec F.Schmitt du laboratoire de recherche de France-Télécom, J.C. André du CNRS de Nancy, à l'initiative de Mr. Dalbéra ; projet "Camille"). La collaboration avec Mensi s'est alors établie à partir de l'originalité du scanner de leur invention (M.Paramythioti et A.D'Aligny). Elle allait leur permettre de passer de l'industriel au culturel au delà des applications d'éclairage de monument faites à l'initiative effectivement d'EDF. Que Mr. Albouy soit volontiers porté à des actions à caractère culturel est tout à fait certain, mais cela ne lui en fait pas un droit d'exclusivité, une chasse gardée, avec ce penchant à faire silence ou à diminuer les réalisations qui ne relèvent pas de son initiative.

Dernier exemple significatif, nous projetions de téléporter de France au Japon via Internet d'une sculpture khmère du musée de Phnom Penh à l'occasion des expositions de Tokyo et d'Osaka. Cela faisait suite à notre démonstration (numérisation, téléportage et reproduction de France en Allemagne) qui a symbolisé une session du G7 consacré au " commerce électronique et aux droits d'auteur". Évoqué au cours de nos rencontres de l'été, Mr. Albouy avait accepté de soutenir cet autre projet. 2 mois plus tard, il nous imposait un changement de date : le salon Imagina , condition assortie de la menace ìde se retirer du projet ìColosse" ! Trop tard pour le Japon, ce projet a cependant été récupéré. Citons l'article, "numérisation 3D" de "Computer Art" n° 7 : "reprenant l'idée, EDF tenta une démonstration avec la sculpture Oogone de Pollès en mars 1998 à Imagina. L'oeuvre fut mal (mal) reproduite en direct devant le public".

Peut-on encore parler de mécenat ? A force de chercher la publicité retentissante ne finit-on pas par déservir les objectifs que l'on entend soutenir ? L'image de marque finit-elle par se substituer aux acteurs eux-mêmes, aux lettres aux Arts et aux sciences ? Mr. Grimal directeur de l'IFAO concluait de cette manière imagée l'interview des Échos du 17 avril 97 : "le but n'est pas de montrer le dernier joujou à la mode."

Pour finir, Mr. Albouy définit notre place par rapport à l'Association Paris-musée dans l'opération Colosse comme "prestataires de services rémunérés" ! Mal lui en prend... Rémunéré, il l'est lui à coup sûr; quant à l'atelier Coignard, à l'heure d'aujourd'hui, il se trouve en partie dans la situation de mécène involontaire et sans les gratifications de situation. Mais ceci est une autre histoire... Au delà de nos divergences, reste à son actif l'excellent travail d'infographie qui a offert au public un Colosse réassemblé sur le sable ondulé de la rade d'Alexandrie, avant l'achèvement de notre travail, un Colosse volant même, et ces posters propres à susciter l'imagination du public. Et pour cela nous lui disons sincèrement, bravo !