L'esprit bâtisseur

Introduction de
Mgr André Wouking
Archevêque de Yaoundé

 
     
     
 
 
Vous allez découvrir et sans doute admirer une splendide réalisation de l'architecture contemporaine, des oeuvres d'art et bien d'autres choses encore.

Pourquoi construisons-nous une si belle et si coûteuse église pour glorifier Dieu dans un pays qui connaît une criante pauvreté ? Cette question qui révolte à priori la conscience mérite que l'on si arrête. Ce serait méconnaître la condition africaine que d'émettre au nom de la raison des réponses hâtives.

Plus grande est la misère et plus espérer, c'est survivre. Nous construisons pour le peuple camerounais profondément religieux. Or, dans les sacrifices traditionnels, quand les gens souffrent, on offre le plus bel animal ou la meilleure partie de celui-ci, les prémices des récoltes, les plus beaux fruits, pour obtenir les grâces de Dieu en abondance. La doctrine chrétienne qui fonde les choses dans l'espérance pendant que les autres désespèrent rejoint cette pratique ancestrale. La foi du peuple camerounais ressemble à celle des peuples d'Europe qui bâtirent les cathédrales dans la douloureuse naissance de la civilisation occidentale. Elle s'accompagne de courage, de générosité et de tenacité. Elle exprime dans le dénuement, l'impérieux besoin de se prouver à soi-même sa capacité de faire, de montrer au monde la force de son potentiel. Les réussites sportives de notre équipe de football ont donné au peuple tout entier l'occasion de relever la tête. Mais cette gloire là est éphémère. La Cathédrale de Chartres est encore là aujourd'hui pour glorifier ses ouvriers. C'est ainsi, par des actes symboliques que se construit pas à pas la dignité d'un peuple. C'est par cette fierté collective que s'élabore le sentiment d'appartenir à une communauté humaine.

Nous avons voulu y faire apparaître des éléments du patrimoine des différentes tribus dont les caractéristiques diverses sont en elles-même une richesse, pour rappeler à nos peuples, que les différences tribales qui créent des tensions, peuvent s'ajuster dans l'harmonie pour construire la maison de tout le peuple de Dieu.

Une nation est comme un enfant qui guette la reconnaissance dans le regard du monde pour bâtir cette confiance en lui-même, condition indispensable à la prise en main de son propre destin. C'est le regard admiratif que vous porterez sur ce Sanctuaire qui donnera à nos ouvriers, à leurs familles et aux milliers d'humbles donateurs, la conviction durable qu'ils ont en eux-même les ressources et la capacité de relever le défi de leur propre développement. Vous découvrirez alors que cet édifice est aussi une école, qu'il est l'outil et le point de départ d'un ambitieux projet dont Mgr Zoa fut l'initiateur.



Monseigneur André Wouking est décédé à Paris en octobre 2002
 
     
L'aide de l'occident, aussi utile qu'elle soit, se traduit souvent dans les faits par un assistanat qui fragilise notre dignité et entretient notre dépendance.

L'entreprise de Monseigneur Zoa est aux antipodes. Il a voulu bâtir pour l'Afrique un vaste Sanctuaire capable d'accueillir quinze mille pélerins pour les unir dans la prière. Il a voulu que le financement par des dons soit le reflet d'une adhésion populaire pour que les chrétiens du pays deviennent compagnons bâtisseurs. Il s'est battu pour préserver notre indépendance face au pouvoir politique et aux forces économiques ; Il a voulu que la beauté et l'audace de cette architecture soient l'étendard d'un Cameroun résolu à maîtriser ses forces pour entrer dans la modernité ; Il a voulu enfin que le Cameroun s'approprie durablement les moyens modernes de transformer et d'anoblir ses principales ressources naturelles : le bois, le pierre, la terre... Par la formation des hommes, s'est opéré ici un véritable transfert de technologie qui est le point de départ d'un programme de développement : "désenclaver les villages". La réhabilitation et la construction de ponts en lamellé-collé n'est pas un choix dicté par le hasard. Il est au centre de nos besoins. En effet, favoriser la circulation des biens et des hommes freine l'exode rural en stimulant l'essor économique local et favorise la scolarisation des enfants.
  Hommage à Monseigneur Jean Zoa

     
 
90% du chemin est aujourd'hui accompli. Mais pour la seconde fois depuis le début de cette formidable entreprise, le chantier est interrompu pour des raisons financières. La disparition soudaine de ce formidable guide spirituel et meneur d'hommes que fût Monseigneur Zoa a fragilisé l'élan né de son immense enthousiasme. En tant que successeur, il est de mon devoir de relever le défi et d'accomplir son ouvrage. Si je m'adresse à vous aujourd'hui sur Internet, c'est pour élargir au monde entier la communauté des bâtisseurs de Mvolyé en vous invitant à ajouter à votre tour votre petite pierre au Sanctuaire et à l'oeuvre spirituelle de Monseigneur Jean Zoa.
   
 
   
 

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  Naissance d'une Basilique
     

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Pour comprendre les origines de cette réalisation,
consultez le chapitre qui relate la récente histoire de l'évangélisation du Cameroun

 

  Mvolyé, Cent ans d'histoire
     

  Former les hommes


Par Vincent Bélibi Etaba
conducteur des travaux de la Basilique
Notre-Dame des Béatitudes