Dreux
Le 5 septembre 2007
Chère Dominique,

Tout s'est bien passé. Tu sais comme nous craignions ce retournement. Pas un bruit inquiétant, pas le moindre signe qu'un incident puisse s'être produit. En fait, au fur et à mesure que nous progressions, l'angoisse faisait place à une véritable satisfaction. Le "sandwich" n'a pas glissé d'un millimètre lorsque la plaque s'est dressée.
Dans une quiète euphorie, il faut l'avouer, nous avons transposé le "jambage" de la table de travail au revers du panneau pour le coucher sur la face cette fois. On ne sait pas pourquoi nous sommes à ce point tranquille puisque tout nous est encore caché. Mais nous avons le sentiment cette fois d'avoir tout bien pesé.
Le deuxième mouvement du retournement fut un vrai plaisir. Le palan roulant le long de la poutrelle laissait progresser l'ensemble en douceur. La pièce si exigüe avait nécessité une tour d'échafaudage sur roulette qui progressera à son tour en souplesse jusqu'à buter l'autre mur.

"Le demi-platane couché sur le ventre", fut débarrassé de sa cage arrière pour toujours et on élimina de la plaque de béton cette forêt de pieds de bois collés à la résine qui l'avaient assujetti intimement à sa prison d'acier.
Avec la découpe du cadre d'acier qui enserrait la dalle de béton, nous sommes entrés dans "le vif du sujet". Oui, les vides sont bien présents partout entre les carreaux. Preuve est faite à présent que contrairement à ce que nous avions imaginé plutôt - selon la méthode des mosaïstes de la même époque - la céramique n'avait pas été collée au sol sur un lit de mortier homogène et nivelé, puis la plaque relevée et transportée pour être fixée au mur. C'est surprenant de ne pas s'être offert cette facilité. Pourquoi donc avoir réalisé alors cette plaque de béton ? Le mur aurait suffi à coller ce simple "carrelage" ! Et s'ils avaient imaginé alors que cela faciliterait un éventuel transport de l'œuvre en deux panneaux ? Ils auraient donc été à mi-chemin entre nos deux époques, sur la voie des principes de conservation qui sont aujourd'hui les nôtres.

Ce faisant, nous est apparu un second élément, qui on le craignait ne nous sera pas favorable. L'armature du béton n'est pas de la légèreté des panneaux du Louvre démontés cet hiver. Ce n'est pas du grillage. Une tôle de métal déployée recouvre toute la surface et il faudra la découper.

Pas bien réjouissant comme perspective.

Nous te souhaitons une bonne nuit.

Sandrine et Benoit.